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PRESSE.

 

 

« Les poissons partirent combattre les hommes » (2016) par Julien Barbazin

Jean-Christophe Nurbel 2016-06-25

Alors que le Festival de Caves touche à sa fin pour sa dixième édition, retour sur notre petite visite à Besançon, ville d’origine du festival, où nous avons pu voir la pièce Les poissons partirent combattre les hommes, mise en scène par Julien Barbazin avec le comédien Benjamin Mba.

Synopsis :

Sur les plages d’Espagne, les touristes se dorent au soleil. Et sur les plages d’Espagne les immigrés clandestins viennent s’échouer, morts ou vifs.

Festival de Caves,
10ème édition

 

 

 

TGV puis TER et nous voilà arrivés à Besançon, une ville traversée par la rivière Doubs et située dans la région de Bourgogne-Franche-Comté. C’est dans cette ville façonnée par Louis XIV et le marquis de Vauban que le passionnant et passionné metteur en scène et directeur du Festival, Guillaume Dujardin, a creusé l’idée de monter un festival dans les caves de la ville. Et après avoir essaimé un peu partout dans la ville bisontine, le concept original du festival se décline maintenant dans de nombreux sous-sols de  France et même de quelques villes européennes.

Le concept : donner rendez-vous à une poignée de spectateurs la veille pour les conduire jusqu’au lieu de la représentation (sous-sols d’institutions, caves de particuliers…) qu’ils ne découvriront ainsi qu’au dernier moment. Et du fait de la taille des lieux (19 spectateurs et 3 acteurs maximum par représentation), les pièces de théâtre jouées dans le cadre du festival sont le plus souvent adaptés de textes contemporains.

 

Le soir de notre arrivée, deux spectacles se donnent en même temps à deux endroits différents de la ville de Besançon :

  • Les poissons partirent combattre les hommes par Julien Barbazin ;

  • et L’Amante anglaise par Anne-Laure Sanchez et Julio Guerreiro.

Nous optons pour le premier et nous rejoignons donc un groupe d’une vingtaine de personnes au lieu de rendez-vous situé ce soir-là près de la Porte de la Rivotte. De là, nous sommes conduits jusque vers la cour intérieure d’un immeuble d’où nous descendons dans la cave aménagée.

Au bas de l’escalier, une « femme », habillée d’une très belle robe rouge et le visage maquillé de blanc, nous accueille avec le sourire. Nous nous répartissons des deux côtés de la pièce sur des canapés et des fauteuils. Sur la scène, placée entre les deux rangées de spectateurs qui se font face, du champagne, des flûtes et un tourne-disque, un drapeau européen et un micro. Enfin, dans un coin de la pièce est placée une modeste régie pour quelques effets de son et de lumière durant la pièce.

Les spectateurs assis, la voix enregistrée de la comédienne Céline Morvan se fait entendre et le spectacle commence…

 

 

« Avec tous ces Noirs qui se sont noyés,
les poissons commencent à avoir
des yeux d’humains »

 

 

© D.R.

Les poissons partirent combattre les hommes est un texte écrit par Angélica Liddell. Découverte au Festival d’Avignon en 2010, l’auteure, metteuse en scène et comédienne catalane est réputée pour ses textes et mises en scènes dérangeants et trash.

 

Ici, dans l’espace exiguë de la cave, la mise en scène de la Compagnie Les Écorchés est plus sobre mais tout aussi affirmée. Si dans l’odeur d’humidité et de vieilles pierres, Julien Barbazin a remplacé le drapeau espagnol par le drapeau européen, la pièce d’Angélica Liddell résonne toujours aussi brutalement avec l’actualité.

Habillé en femme, le comédien androgyne Benjamin Mba dialogue avec Monsieur La Pute que sont les politiques et l’Europe à propos du tragique naufrage d’émigrés clandestins qui traversaient à leurs risques et périls le détroit de Gibraltar pour gagner l’Europe. À la fois blanc et noir mais aussi femme et homme, son personnage raciste  et confortablement assis dans sa chaise longue posée sur la plage nous interroge et trouble à la fois.

 

Une mise en scène originale
et une interprétation de qualité

 

 

Originaire du Gabon, Benjamin Mba rappe dans une MJC de la banlieue de Dijon quand il découvre le théâtre grâce à la metteuse en scène Stéphanie Chaudesaigues. C’est la phrase du texte « Vous les noirs, vous ne souffrez pas comme nous » qui a particulièrement résonné en lui et qui lui a donné envie d’accepter la proposition de Julien Barbazin de monter cette pièce.

Habitué à travailler avec ce metteur en scène, il n’a eu aucun mal à accepter ces choix de mise en scène et à mettre son corps noir dans la peau de cette femme blanche. Travestie ainsi, son corps et sa voix donnent toute sa force à ce texte dénonciateur et rageur.

Une très belle performance d’acteur pour un public totalement ravi.

Bref, cette adaptation de Les poissons partirent combattre les hommes nous a offert une mise en scène originale et une interprétation clairement de qualité

Une tournée du spectacle à prévoir ?

 

Les poissons partirent combattre les hommes a reçu un tel accueil pendant le festival — à Besançon mais aussi à Dijon où il a été joué pendant une semaine — que le metteur en scène Julien Barbazin envisage de prolonger peut-être l’aventure par une tournée. Ce qui serait une belle continuité pour les créations théâtrales du Festival de Caves qui ne sont souvent joués que dans le cadre de celui-ci. En tout cas, la discussion engagée avec les spectateurs à l’issue de la pièce au café Carpe Diem ne pourra que conforter cette idée.

De notre côté, nous sommes ravis de notre bref séjour dans la ville de Besançon où nous avons pu découvrir sur les lieux mêmes de son origine le concept du Festival des Caves qui crée chaque année depuis dix ans une très intéressante proximité entre spectateurs et artistes dans des décors vraiment surprenants.  

Un must-see !

 

 

En savoir plus :

  • Les poissons partirent combattre les hommes par Julien Barbazin au Festival de Caves du 9 au 19 juin 2016

  • Le Festival de Caves a lieu en France et en Suisse du 30 avril au 29 juin 2016

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Jean-Michel Potiron

16 juin, 11:12 ·

Tout est subversif dans « Les poissons partirent combattre les hommes » d’Angelica Lidell mise en scène de Julien Barbazin (actuellement dans le cadre du Festival de caves) à l’heure des vagues de migrants, des réfugiés et des naufragés par milliers en mer Méditerranée :

Le double travestissement du comédien (magnifique Benjamin Mba) d’homme en femme, de noir en blanc (sa tête chauve entièrement recouverte de maquillage blanc lui confère à la fois un aspect primitif et un air de cérémonie à la Jean Genet), notre posture de public (hier soir exclusivement composé de blancs) invité par cette femme-homme noire-blanche polie à l’envi, cordiale, accorte, maniérée, guindée, en robe de réception sur quoi ? un bateau de croisière ? nous servant (à nous, touristes sur nos transats) du champagne tandis qu’ailleurs, chutant d’esquifs plus frêles, des émigrés par milliers se noient ; le drapeau européen positionné comme lors d’un meeting devant un micro sur pied (qui ne servira à rien puisque le drapeau européen - et l’Europe à travers lui - restera silencieux) auquel l’hôte-hôtesse s’adresse tout sourire (comme elle s’adresse en même temps à nous public-blanc-européen) en lui-nous disant « Madame la pute » ; les recommandations qu’il-elle lui-nous donne de ne pas avoir peur (il doit y avoir un serviteur de couleur sur le bateau) « du noir » (comme si le « noir » était une catégorie générique) ; l’affirmation qu’il-elle nous lance à la face depuis sa position d’homme-femme noir-blanc(he) (comme si cela n’était pas une évidence) : « Oui les noirs et les pauvres aussi sont des êtres humains ! ».

Hier soir, le public ne s'y est pas trompé. On est entièrement conquis par ce spectacle. Les applaudissements - ce qui est rare dans le cadre du festival de caves, la petitesse des assemblées faisant - étaient très fournis.

Il vous reste quatre soirs pour aller le découvrir à Besançon : les 16, 17, 18 et 19 juin à 20 h.

Renseignements et réservations au : + 33 (0)3.63.35.71.04 ; festivaldecaves2@gmail.com
www.festivaldecaves.fr

 

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THEATRE AU VENT

Just another Blog.lemonde.fr weblog

AU FESTIVAL DES CAVES 2016 – Les poissons partirent combattre les hommes d’Angélica LIDELL, le 11 et le 12 JUIN 2016 à DIJON – Mise en scène Julien BARBAZIN – Interprétation Benjamin MBA –

Publié le 12 juin 2016 par theatreauvent

 

Mise en scène : Julien Barbazin Avec : Benjamin Mba Edition(s) du festival : 11ème édition (2016) D’Angelica Liddell

Mise en scène : Julien Barbazin Avec : Benjamin Mba et Céline Morvan (voix) Son : Antoine Lenoble et Charles Barbazin En coproduction avec la Cie les Ecorchés (Dijon)

 

Saisissante apparition d’un être hybride, accoutré d’une belle longue et lourde, rutilante robe rouge qui évoque le faste, le luxe d’une société décadente, le visage noir barbouillé de blanc jusqu’au cou, les mains osseuses et fines mises en valeur par des gants de soie, quelle est donc cette créature, cette caricature de femme qui remplit l’espace d’une petite cave, avançant au milieu du public aussi impressionnante qu’une mante religieuse, qu’une étrangère venue d’un autre monde ?

Face à elle au fond du mur, juste un drapeau avec des étoiles et un micro qui permettent d’imaginer l’invisible mais incontournable homme politique prêt à entonner quelque discours d’inauguration juste avant le cocktail et les petits fours.

C’est à ce notable dénommé Monsieur LA PUTE que probablement s’adresse la créature d’une voix suave, un tantinet moqueuse et obséquieuse, rappelant son goût pour l’art, les belles filles, le raffinement en toutes choses.

Mais dans quel monde sommes nous ? La royauté espagnole, ses enluminures, Velázquez ? l’élégante créature peut fort bien drainer ces clichés derrière elle, mais son visage outrageusement peint en blanc dit autre chose. Adieu Velàsquez, adieu petits fours et champagne ! L’image de la belle Espagne vient d’être salie. Une de ses splendides plages est devenue le rendez vous de drames sordides qui se sont répétés de jour en jour . Angélica LIDELL fait référence à ces clandestins qui meurent

chaque année en tentant de traverser le détroit de Gibraltar . Quelle horreur ! Les braves vacanciers en train de dorer leurs fesses au soleil ont vu se traîner sur le sable une femme agonisante accouchant d’un enfant. D’autres cadavres ont suivi. Les touristes ont regardé, ils n’ont rien fait, les pauvres.

Après tout, il ne s’agissait que de ces migrants noirs, des humains certes mais qui n’ont pas les mêmes valeurs que vous Monsieur LA PUTE, rappelle à bon escient la créature.

Le drame de ces migrants qui veulent échapper à la misère, c’est qu’ils ont la naïveté de croire qu’ils seront bien accueillis dans les pays riches. Embarqués sur des bateaux de fortune, faisant l’objet d’un trafic impitoyable, certains sont jetés à la mer et dévorés par les poissons.

Une vision qu’accapare l’imagination indignée d’Angélica LIDDELL, une auteure, metteure en scène , comédienne espagnole qui se décrit comme une résistante citoyenne . Non, les cannibales ne mangent pas les cannibales lance t-elle à Monsieur LA PUTE. Mais ne faut-il pas craindre une mutation des poissons nourris de chair humaine ?

Décrépitude, inertie d’une société ankylosée qui aurait perdu le sens même du mot humanité.

Faut-il donc que le terme humanité soit réservé à ceux qui ont figure humaine, qui ne respirent pas la misère, qui n’échouent pas comme des bêtes, des baleines victimes de la pollution sur nos belles plages ! Qu’ils crèvent mais qu’ils crèvent donc ces mammifères indignes de ce doux nom d’humains !

Mais la roue tourne nous dit en substance Angélica LIDDELL . Car une société qui n’est pas capable de reconnaître les siens, qui est viciée humainement, va à sa perte. Est-il si loin le temps où régnaient seuls sur notre planète, les poissons ?

La mise en scène terriblement suggestive de Julien BARBAZIN met en valeur de façon très vigoureuse, l’indignation douloureuse d’Angélica LIDDELL.

Nous avons été absolument bluffés par l’interprétation phénoménale de Benjamin MBA, qui incarne une créature qui n’est plus qu’une caricature d’humain lorsque par exemple, l’homme noir se trouve « obligé » de se barbouiller en blanc, qu’il est mutilé par le regard de mépris de la bonne société. Quand la créature laisse tomber son masque, sous le grondement de sa colère, le message passe, il est terrible, si expressif, qu’il va au fond du cœur, pour l’impressionner . C’est un énorme point d’indignation !

Une véritable petite perle que ce spectacle qui fait partie des propositions du Festival des Caves créé et organisé par Guillaume DUJARDIN depuis 10 ans. Dans ce festival de création les représentations ont lieu dans des caves prêtées par des particuliers ou d’autres lieux secrets dont les spectateurs ne découvrent l’adresse que la veille. L’accès aux caves est limité à 19 personnes. Guillaume DUJARDIN ne se soucie pas de l’audience, ce qui lui importe c’est la proximité des comédiens avec le public. Cette année le festival affiche trente-deux spectacles dans quatre-vingts communes, soit plus d’une centaine de caves, pour un total de trois cents dates en deux mois.

Paris, le 12 Juin 2016

Evelyne Trân

« Les poissons partirent combattre les hommes » (2016) par Julien Barbazin

Jean-Christophe Nurbel 2016-06-25

Alors que le Festival de Caves touche à sa fin pour sa dixième édition, retour sur notre petite visite à Besançon, ville d’origine du festival, où nous avons pu voir la pièce Les poissons partirent combattre les hommes, mise en scène par Julien Barbazin avec le comédien Benjamin Mba.

Synopsis :

Sur les plages d’Espagne, les touristes se dorent au soleil. Et sur les plages d’Espagne les immigrés clandestins viennent s’échouer, morts ou vifs.

Festival de Caves,
10ème édition

 

 

 

TGV puis TER et nous voilà arrivés à Besançon, une ville traversée par la rivière Doubs et située dans la région de Bourgogne-Franche-Comté. C’est dans cette ville façonnée par Louis XIV et le marquis de Vauban que le passionnant et passionné metteur en scène et directeur du Festival, Guillaume Dujardin, a creusé l’idée de monter un festival dans les caves de la ville. Et après avoir essaimé un peu partout dans la ville bisontine, le concept original du festival se décline maintenant dans de nombreux sous-sols de  France et même de quelques villes européennes.

Le concept : donner rendez-vous à une poignée de spectateurs la veille pour les conduire jusqu’au lieu de la représentation (sous-sols d’institutions, caves de particuliers…) qu’ils ne découvriront ainsi qu’au dernier moment. Et du fait de la taille des lieux (19 spectateurs et 3 acteurs maximum par représentation), les pièces de théâtre jouées dans le cadre du festival sont le plus souvent adaptés de textes contemporains.

 

Le soir de notre arrivée, deux spectacles se donnent en même temps à deux endroits différents de la ville de Besançon :

  • Les poissons partirent combattre les hommes par Julien Barbazin ;

  • et L’Amante anglaise par Anne-Laure Sanchez et Julio Guerreiro.

Nous optons pour le premier et nous rejoignons donc un groupe d’une vingtaine de personnes au lieu de rendez-vous situé ce soir-là près de la Porte de la Rivotte. De là, nous sommes conduits jusque vers la cour intérieure d’un immeuble d’où nous descendons dans la cave aménagée.

Au bas de l’escalier, une « femme », habillée d’une très belle robe rouge et le visage maquillé de blanc, nous accueille avec le sourire. Nous nous répartissons des deux côtés de la pièce sur des canapés et des fauteuils. Sur la scène, placée entre les deux rangées de spectateurs qui se font face, du champagne, des flûtes et un tourne-disque, un drapeau européen et un micro. Enfin, dans un coin de la pièce est placée une modeste régie pour quelques effets de son et de lumière durant la pièce.

Les spectateurs assis, la voix enregistrée de la comédienne Céline Morvan se fait entendre et le spectacle commence…

 

 

« Avec tous ces Noirs qui se sont noyés,
les poissons commencent à avoir
des yeux d’humains »

 

 

© D.R.

Les poissons partirent combattre les hommes est un texte écrit par Angélica Liddell. Découverte au Festival d’Avignon en 2010, l’auteure, metteuse en scène et comédienne catalane est réputée pour ses textes et mises en scènes dérangeants et trash.

 

Ici, dans l’espace exiguë de la cave, la mise en scène de la Compagnie Les Écorchés est plus sobre mais tout aussi affirmée. Si dans l’odeur d’humidité et de vieilles pierres, Julien Barbazin a remplacé le drapeau espagnol par le drapeau européen, la pièce d’Angélica Liddell résonne toujours aussi brutalement avec l’actualité.

Habillé en femme, le comédien androgyne Benjamin Mba dialogue avec Monsieur La Pute que sont les politiques et l’Europe à propos du tragique naufrage d’émigrés clandestins qui traversaient à leurs risques et périls le détroit de Gibraltar pour gagner l’Europe. À la fois blanc et noir mais aussi femme et homme, son personnage raciste  et confortablement assis dans sa chaise longue posée sur la plage nous interroge et trouble à la fois.

 

Une mise en scène originale
et une interprétation de qualité

 

 

Originaire du Gabon, Benjamin Mba rappe dans une MJC de la banlieue de Dijon quand il découvre le théâtre grâce à la metteuse en scène Stéphanie Chaudesaigues. C’est la phrase du texte « Vous les noirs, vous ne souffrez pas comme nous » qui a particulièrement résonné en lui et qui lui a donné envie d’accepter la proposition de Julien Barbazin de monter cette pièce.

Habitué à travailler avec ce metteur en scène, il n’a eu aucun mal à accepter ces choix de mise en scène et à mettre son corps noir dans la peau de cette femme blanche. Travestie ainsi, son corps et sa voix donnent toute sa force à ce texte dénonciateur et rageur.

Une très belle performance d’acteur pour un public totalement ravi.

Bref, cette adaptation de Les poissons partirent combattre les hommes nous a offert une mise en scène originale et une interprétation clairement de qualité

Une tournée du spectacle à prévoir ?

 

Les poissons partirent combattre les hommes a reçu un tel accueil pendant le festival — à Besançon mais aussi à Dijon où il a été joué pendant une semaine — que le metteur en scène Julien Barbazin envisage de prolonger peut-être l’aventure par une tournée. Ce qui serait une belle continuité pour les créations théâtrales du Festival de Caves qui ne sont souvent joués que dans le cadre de celui-ci. En tout cas, la discussion engagée avec les spectateurs à l’issue de la pièce au café Carpe Diem ne pourra que conforter cette idée.

De notre côté, nous sommes ravis de notre bref séjour dans la ville de Besançon où nous avons pu découvrir sur les lieux mêmes de son origine le concept du Festival des Caves qui crée chaque année depuis dix ans une très intéressante proximité entre spectateurs et artistes dans des décors vraiment surprenants.  

Un must-see !

 

 

En savoir plus :

  • Les poissons partirent combattre les hommes par Julien Barbazin au Festival de Caves du 9 au 19 juin 2016

  • Le Festival de Caves a lieu en France et en Suisse du 30 avril au 29 juin 2016

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Jean-Michel Potiron

16 juin, 11:12 ·

Tout est subversif dans « Les poissons partirent combattre les hommes » d’Angelica Lidell mise en scène de Julien Barbazin (actuellement dans le cadre du Festival de caves) à l’heure des vagues de migrants, des réfugiés et des naufragés par milliers en mer Méditerranée :

Le double travestissement du comédien (magnifique Benjamin Mba) d’homme en femme, de noir en blanc (sa tête chauve entièrement recouverte de maquillage blanc lui confère à la fois un aspect primitif et un air de cérémonie à la Jean Genet), notre posture de public (hier soir exclusivement composé de blancs) invité par cette femme-homme noire-blanche polie à l’envi, cordiale, accorte, maniérée, guindée, en robe de réception sur quoi ? un bateau de croisière ? nous servant (à nous, touristes sur nos transats) du champagne tandis qu’ailleurs, chutant d’esquifs plus frêles, des émigrés par milliers se noient ; le drapeau européen positionné comme lors d’un meeting devant un micro sur pied (qui ne servira à rien puisque le drapeau européen - et l’Europe à travers lui - restera silencieux) auquel l’hôte-hôtesse s’adresse tout sourire (comme elle s’adresse en même temps à nous public-blanc-européen) en lui-nous disant « Madame la pute » ; les recommandations qu’il-elle lui-nous donne de ne pas avoir peur (il doit y avoir un serviteur de couleur sur le bateau) « du noir » (comme si le « noir » était une catégorie générique) ; l’affirmation qu’il-elle nous lance à la face depuis sa position d’homme-femme noir-blanc(he) (comme si cela n’était pas une évidence) : « Oui les noirs et les pauvres aussi sont des êtres humains ! ».

Hier soir, le public ne s'y est pas trompé. On est entièrement conquis par ce spectacle. Les applaudissements - ce qui est rare dans le cadre du festival de caves, la petitesse des assemblées faisant - étaient très fournis.

Il vous reste quatre soirs pour aller le découvrir à Besançon : les 16, 17, 18 et 19 juin à 20 h.

Renseignements et réservations au : + 33 (0)3.63.35.71.04 ; festivaldecaves2@gmail.com
www.festivaldecaves.fr

 

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THEATRE AU VENT

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AU FESTIVAL DES CAVES 2016 – Les poissons partirent combattre les hommes d’Angélica LIDELL, le 11 et le 12 JUIN 2016 à DIJON – Mise en scène Julien BARBAZIN – Interprétation Benjamin MBA –

Publié le 12 juin 2016 par theatreauvent

 

Mise en scène : Julien Barbazin Avec : Benjamin Mba Edition(s) du festival : 11ème édition (2016) D’Angelica Liddell

Mise en scène : Julien Barbazin Avec : Benjamin Mba et Céline Morvan (voix) Son : Antoine Lenoble et Charles Barbazin En coproduction avec la Cie les Ecorchés (Dijon)

 

Saisissante apparition d’un être hybride, accoutré d’une belle longue et lourde, rutilante robe rouge qui évoque le faste, le luxe d’une société décadente, le visage noir barbouillé de blanc jusqu’au cou, les mains osseuses et fines mises en valeur par des gants de soie, quelle est donc cette créature, cette caricature de femme qui remplit l’espace d’une petite cave, avançant au milieu du public aussi impressionnante qu’une mante religieuse, qu’une étrangère venue d’un autre monde ?

Face à elle au fond du mur, juste un drapeau avec des étoiles et un micro qui permettent d’imaginer l’invisible mais incontournable homme politique prêt à entonner quelque discours d’inauguration juste avant le cocktail et les petits fours.

C’est à ce notable dénommé Monsieur LA PUTE que probablement s’adresse la créature d’une voix suave, un tantinet moqueuse et obséquieuse, rappelant son goût pour l’art, les belles filles, le raffinement en toutes choses.

Mais dans quel monde sommes nous ? La royauté espagnole, ses enluminures, Velázquez ? l’élégante créature peut fort bien drainer ces clichés derrière elle, mais son visage outrageusement peint en blanc dit autre chose. Adieu Velàsquez, adieu petits fours et champagne ! L’image de la belle Espagne vient d’être salie. Une de ses splendides plages est devenue le rendez vous de drames sordides qui se sont répétés de jour en jour . Angélica LIDELL fait référence à ces clandestins qui meurent

chaque année en tentant de traverser le détroit de Gibraltar . Quelle horreur ! Les braves vacanciers en train de dorer leurs fesses au soleil ont vu se traîner sur le sable une femme agonisante accouchant d’un enfant. D’autres cadavres ont suivi. Les touristes ont regardé, ils n’ont rien fait, les pauvres.

Après tout, il ne s’agissait que de ces migrants noirs, des humains certes mais qui n’ont pas les mêmes valeurs que vous Monsieur LA PUTE, rappelle à bon escient la créature.

Le drame de ces migrants qui veulent échapper à la misère, c’est qu’ils ont la naïveté de croire qu’ils seront bien accueillis dans les pays riches. Embarqués sur des bateaux de fortune, faisant l’objet d’un trafic impitoyable, certains sont jetés à la mer et dévorés par les poissons.

Une vision qu’accapare l’imagination indignée d’Angélica LIDDELL, une auteure, metteure en scène , comédienne espagnole qui se décrit comme une résistante citoyenne . Non, les cannibales ne mangent pas les cannibales lance t-elle à Monsieur LA PUTE. Mais ne faut-il pas craindre une mutation des poissons nourris de chair humaine ?

Décrépitude, inertie d’une société ankylosée qui aurait perdu le sens même du mot humanité.

Faut-il donc que le terme humanité soit réservé à ceux qui ont figure humaine, qui ne respirent pas la misère, qui n’échouent pas comme des bêtes, des baleines victimes de la pollution sur nos belles plages ! Qu’ils crèvent mais qu’ils crèvent donc ces mammifères indignes de ce doux nom d’humains !

Mais la roue tourne nous dit en substance Angélica LIDDELL . Car une société qui n’est pas capable de reconnaître les siens, qui est viciée humainement, va à sa perte. Est-il si loin le temps où régnaient seuls sur notre planète, les poissons ?

La mise en scène terriblement suggestive de Julien BARBAZIN met en valeur de façon très vigoureuse, l’indignation douloureuse d’Angélica LIDDELL.

Nous avons été absolument bluffés par l’interprétation phénoménale de Benjamin MBA, qui incarne une créature qui n’est plus qu’une caricature d’humain lorsque par exemple, l’homme noir se trouve « obligé » de se barbouiller en blanc, qu’il est mutilé par le regard de mépris de la bonne société. Quand la créature laisse tomber son masque, sous le grondement de sa colère, le message passe, il est terrible, si expressif, qu’il va au fond du cœur, pour l’impressionner . C’est un énorme point d’indignation !

Une véritable petite perle que ce spectacle qui fait partie des propositions du Festival des Caves créé et organisé par Guillaume DUJARDIN depuis 10 ans. Dans ce festival de création les représentations ont lieu dans des caves prêtées par des particuliers ou d’autres lieux secrets dont les spectateurs ne découvrent l’adresse que la veille. L’accès aux caves est limité à 19 personnes. Guillaume DUJARDIN ne se soucie pas de l’audience, ce qui lui importe c’est la proximité des comédiens avec le public. Cette année le festival affiche trente-deux spectacles dans quatre-vingts communes, soit plus d’une centaine de caves, pour un total de trois cents dates en deux mois.

Paris, le 12 Juin 2016

Evelyne Trân

ZONE DE COMBAT
CASSANDRE#S

théâtre. Le Collectif 7’, À part ça ? et la compagnie Les Écorchés ont uni leurs énergies. Zone de combat aux Tanneries

 

le 24/06/2011 à 05:00 par Frédéric Joly - Le Bien Public

 

Philippe Journo ne dit pas le texte, il l’avale, le découpe, le mâche et le recrache avec rage, douceur, ou perversité.

.

L e Collectif 7’, À part ça ? et Les Écorchés donnent ce soir encore aux Tanneries une adaptation du texte d’Hugues Jallon, Zone de combat.

 

nous sommes une quarantaine dans la première cour de l’espace autogéré des Tanneries. C’est l’espace d’attente, avant de découvrir l’adaptation du texte d’Hugues Jallon, Zone de combat, par la jeune compagnie Les écorchés , lancée par Julien Barbazin. Quatre hommes en costard cravate nous prennent par petits groupes et nous guident à travers les débris jusqu’au fond d’un des bâtiments. Il y a des chaises dépareillées et posées en arc-de-cercle. Face à elles, du graf aux murs, des meubles à la renverse, une ambiance lumineuse de temps suspendu.

Il y a aussi trois bureaux et un pupitre. Avec des ordinateurs et une guitare électrique. Ordre au milieu du désordre. Promesse d'écorchure dans l’obscurité. Le décor évoque autant la tristesse d’une sous-préfecture de province que l’énergie inquiète d’un bureau de résistance clandestin.

Chacun des guides en cravate prend sa place. Il y Jean-Marc Bezou au son, Jean-Marie Carrel à la vidéo, Vincent Shrink à la musique et Philippe Journo à la narration. Trois assis, un debout. Philippe Journo ne dit pas le texte, il l’avale, le découpe, le mâche et le recrache avec rage, douceur, ou perversité. Zone de combat est fait pour l’oralité. Le texte raconte l’époque à travers les méthodes thérapeutiques et les groupes de parole, les séances de coaching et les stages de remise en forme. Il dit en creux la peur du lendemain et de la solitude.

Dans l’adaptation de Julien Barbazin, il y a aussi deux voix off. L’une, féminine, annonce l’arrivée « dans la zone de combat » comme elle annoncerait le départ du prochain train vers l’inconnu. L’autre, masculine, impose de « ne pas former d’images, n’essayez même pas ». Comme si l’époque devait être absolument floue, sans souvenir, sans but, sans histoires. Et pourtant, l’Histoire défile grâce au parti pris artistique de la vidéo. Elle projette sur les murs des paysages mornes, puis des visages déterminés, puis des images de guerres, d’hommes battus, d’enfants morts. Il flotte alors, autour des bureaux et du pupitre, comme un parfum de révolte impossible. À la fin du spectacle, les spectateurs n’ont pas applaudi de suite. Comme assommés par le miroir cruel que venait de leur tendre Zone de combat...

Ce soir à 20 heures aux Tanneries.

THÉÂTRE. Le Collectif 7’ invite Cassandre à sa table le lundi 7 février. L’annonce du désespoir

 

le 05/02/2011 à 05:00 | Guillaume Malvoisin

 

Le Collectif 7’ remet en ordre de bataille son rendez-vous mensuel avec le public de théâtre. Convoquant cette fois-ci, la figure de Cassandre.

 

«Ce n’est pas le forfait qui fait blêmir les hommes, ou même les rend furieux, c’est le fait de les annoncer, je suis bien placée pour le savoir. Et nous préférons châtier celui qui appelle l’acte par son nom plutôt que celui qui le commet. » Ainsi parle Cassandre, la voix antique. Ainsi parlait-elle avant d’entrer dans la langue usuelle, « faire sa cassandre », entend-on ici ou là. Et l’oracle n’aura jamais vraiment eu bonne presse à travers les siècles de nos civilisations, qu’il transite chez Boccace, Schiller ou encore par les boiseries de Giraudoux.

Remettant la devineresse au goût de ses tentatives, le Collectif 7’ (prononcer sept prime) place sous son auspice le deuxième de ses rendez-vous alternatifs et giratoires, les 7-7. Écumant de préférence les recoins de la ville qu’il occupe, le Collectif 7’ mord à dents pleines dans les habitudes de théâtre et démolit les attentes du public à grands coups de textes et de déclarations sonores. Pour le rendez-vous de février, il multiplie les cassandres, elle prend donc un sérieux coup de pluriel. C’est Julien Barbazin qui prend la barre de cette étape dans la relecture des mythes.

On se souvient du texte d’Hugues Jallon, Zone de combat, que Julien Barbazin, créateur lumière pour le Collectif 7’, avait éclairé de quelques essais rock. Gageons qu’il fasse subir les mêmes outrages à l’une des plus maudites des figures mythologiques.

Cassandre est celle à qui on accorde le don de voyance sans lui accorder pourtant sa crédibilité aux yeux de ceux qui l’entende. Si on devait chercher une métaphore, le métier de comédien ne serait pas loin. Sorte de monstre séculaire, il n’est crédible, lui, qu’en scène.

Des comédiens pour rendre à Cassandre ce qu’on attribuait à César ? L’occasion est très belle. Julien Barbazin épaule les présences de Clara Chabalier (prêtresse du précédent 7-7, en janvier), de Céline Morvan, Stéphane Castang, Jean Clerc, Delphine Horviller et une version démultipliée du sujet du jour : Cassandre sera jouée par un chœur. Associant ses obsessions de représentations, Barbazin convoque la vidéo (Jean-Maire Carrel) et l’univers sonore (Vincent Shrink). Le patio du centre Dauphine (rue Bossuet) devrait résonner d’étranges augures lundi soir.

Pratique Lundi 7 février à 19 heures, au patio du centre commercial Dauphine, 13, rue Bossuet. Réservation : 06.67.47.66.61, collectif7@gmail.com, www.collectif7prime.com

 

STABAT MATER FURIOSA

Côte-d'Or - Théâtre Stabat Mater Furiosa : un cri vers la vie

 

 

 

La compagnie Les Ecorchés, sous la direction artistique Céline Morvan et Julien Barbazin, propose un théâtre radical et politique qui s’approprie la devise de Louis Calaferte : « Le devoir de l’art est de fracasser les consciences ».

Avec son Stabat Mater Furiosa , signé Jean-Pierre Siméon (Editions « Les solitaires intempestifs), la compagnie s’attaque à un sujet éminemment sensible, elle qui « explore le théâtre contemporain et recherche des formes radicales de représentations ».

Cette pièce fait partie d’une trilogie en devenir, elle en constitue le second volet après Zone de combat de Hugues Jallon.

Stabat Mater Furiosa est un cri de femme qui condamne sans appel la guerre, parce qu’elle refuse en bloc, parce qu’elle porte en elle une évidence sans réplique possible : chacun est, a été ou sera, ce Dieu de la Guerre.

Ce n’est pas un coup de gueule, c’est une parole de poète, ramassée en cinquante minutes très denses.

Les 1er , 2 et 3 octobre à 20 heures au « 18 », à Dijon (18, rue Charlie-Chaplin). Tarifs : 7 et 10 €. Réservations : cielesecorches@gmail.com/

 

ZONE DE COMBAT

 

Collectif’7 présente ce lundi 7 juin, Zone de combat, qui sera son dernier rendez-vous de la saison théâtrale. Public ballotté et bousculé, lectures au long cours criblées d’autres médias, ce dernier rendez-vous ne devrait pas faillir à la règle. L’équipée de Julien Barbazin surplombe le champ de bataille. Lundi. Le Collectif’7 donne son dernier rendez-vous de la saison théâtrale à La Ferronnerie. Prix. Zone de combat de Hugues Jallon a reçu le prix de L’inaperçu en 2008. «L’écriture de Hugues Jallon réinvestit le politique et non pas la politique. » Le distinguo subtil fait par Chloé Delaume fait mal. La politique est aux mains de professionnels, l’art aux mains du peuple. De ce grand écart naissent quelques frottements libertaires voire étincelants. Le livre de Hugues Jallon est de ceux-là. Si la forme peut déconcerter, le contenu déroute lui aussi, ramenant la peur au rang de munition. A l’heure où cette peur est cotée sur les places boursières du monde, la démarche entreprise par le Collectif 7’ pour animer le texte de Jallon pourrait bien sonner comme un acte de résistance : « On va être tous ensemble dans la peur décrite par le texte. On va s’en sortir tous ensemble. Nous ne donnerons surtout pas de leçon. » Julien Barbazin et Philippe Journo sont à la veille des répétitions de cette petite forme et les chemins ouverts à leurs regards sont nombreux : « Il y aura quatre éléments en lien constant : la voix, la musique, la vidéo et le son. Ce sera malgré tout très sobre. L’idée est celle d’une conférence clandestine. Je ne veux pas de fiction. Il faut concrétiser les rythmes du texte. »

 La conscience et les tripes

 Spectacle, concert, lecture ? Si la forme reste encore offerte aux trouvailles des répétitions, le rapport à la musique semble établi avec assurance : « Il faut travailler sur le rythme, la scansion. Nous mettrons de côté le rapport au corps pour se concentrer sur la voix de Philippe. Il faut prendre le temps de trouver la musicalité de ce texte. C’est une litanie obsédante, un texte oral qui a besoin d’une voix. Travailler avec des musiciens est évident pour ce texte. J’ai repensé au travail de Noir Désir, de Cantat ou Tessot-Gay avec des auteurs. » Une divergence menue et prometteuse arrive là, entre Julien et Philippe : « J’aimerais agir sur les consciences. Moi ce serait agir sur les tripes, trouver à partir du “discours gris” dont parle Jallon, quelque chose intérieur à bousculer. » Jean-Marc Bezou (son et basse), Vincent Shrink (musique) et Jean-Marie Carrel (vidéo) complètent la cohorte. Zone de Combat, écrit sur les ruines et le traumatisme du 11-Septembre, amène l’équipe de ce 7-7 à croiser les thématiques des précédents : le résidu, la perte, l’inconfort et la peur. « C’est à la fois un hasard et une question du temps récent. Dans les 7-7, il y a la recherche et cette volonté d’interroger le politique, ici et maintenant, à travers des thèmes qui se croisent.

Celui-ci est aussi une métaphore sur la culture, sur l’empêchement de réfléchir qui nous est imposé. » Résistance à suivre, donc.

 

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